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PR. ZOHRA BEN LAKHDAR (French)

by Wendy Jewell

"LA LUMIERE EST LA MESSAGERE DE L’UNIVERS"
Pr. Zohra Ben Lakhdar chez elle (L'Oréal-UNESCO femme de science).
Pr. Zohra Ben Lakhdar chez elle (L'Oréal-UNESCO femme de science).

Zohra Ben Lakhdar, Professeur de Physique à l’Université de Tunis (Tunisie) a été nominée Lauréate africaine du prix L'Oréal-UNESCO 2005.

Ce prestigieux prix est décerné aux femmes de science exceptionnelles. Elle a gagné ce prix grâce à ses expériences et modèles sur la spectroscopie infra rouge et ses applications dans la détection de la pollution et la médecine.

Professeur Ben Lakhdar en accorde tout le crédit au grand soutien que sa famille lui a témoigné et son amour profond de la science.

Eduquée à l’université de Tunis et d’Orsay (France), elle est l’auteur de dizaines d’essais scientifiques sur la spectroscopie et elle est également membre fondateur de l’association tunisienne de physique et d’astronomie. Elle a initié des liens de coopération avec un certain nombre de laboratoires et présidé des conférences internationales dans son domaine d’études qui est la spectroscopie atomique.

Zohra a 4 ans (L'Oréal-UNESCO pour les femmes de science.
Zohra a 4 ans (L'Oréal-UNESCO pour les femmes de science.

Quand Professeur Ben Lakhdar était une petite fille dans la Tunisie des années 50, très peu d’importance était accordée aux études des filles surtout dans le domaine des sciences. « Quand j’étais jeune tout le monde disait que les sciences étaient difficiles pour les hommes et presque impossible pour les femmes. Seuls les hommes étaient jugés bons en calcul et l’unique objectif pour une femme c’était de se marier et d’avoir des enfants. Comme j’aimais les mathématiques et la physique en général je voulais démontrer qu’il n’existait aucune différence en termes d’aptitudes entre les hommes et les femmes et montrer au monde entier que je pouvais travailler dans les sciences. Je rêvais d’avoir le même statut que les hommes dans la communauté scientifique », dit-elle.

L’école était très importante pour ses parents. Son père pensait que le fait d’être dans la communauté scientifique conférait une place de choix dans la société.

Ben Lakhdar fit ses études primaires dans les années 50, à une époque où le niveau le plus élevé qu’une femme pouvait atteindre était le Certificat d'études primaires. Des 25 filles en première année, seules 6 purent achever le cycle. A l’époque les filles fréquentaient l’école pendant 3, 4 ou 5 ans et puis elles se mariaient à l’âge de 15 ans. Aucune fille ne pensait aller au secondaire car cela voulait dire se rendre dans une autre ville. Dans mon cas, la ville la plus proche était Sousse, qui était distante de 25 km et qui constituait un véritable périple quand il n’y avait ni voiture ni bus à disposition.

"Quand la Tunisie accéda à l’indépendance en 1956, ma famille déménagea à Tunis, où je passai six années à l’école secondaire qui était une bonne école pour le français et l’arabe mais malheureusement, elle ne l’était pas pour les sciences. Après l’indépendance, l’éducation devint la plus grande priorité pour le gouvernement tunisien, et en 1963, le Bac en poche, je rentrai à la toute nouvelle faculté des sciences. Il n’y avait que 5 filles parmi les 200 étudiants que nous étions. A l’époque par exemple il n’existait pas une seule femme ingénieur en Tunisie. J’eus la chance de jouir d’un soutien total de ma famille qui jugeait clairement que tout choix que je faisais découlait de ma volonté et en tant que tel était un bon choix.

Chaque année, un professeur d’université de France supervisait les examens à la faculté des Sciences de Tunis. Le gouvernement tunisien accordait des bourses à plusieurs des étudiants les plus brillants pour qu’ils puissent aller faire des études plus poussées ou des recherches en France. Cela était important étant donné qu’il n’existait pas encore à Tunis une communauté scientifique à ce moment-là. En 1967, Zohra Ben Lakhdar fut choisie par le président du jury et la chance lui fut donnée de faire un diplôme d’études approfondies en spectroscopie atomique à Paris où elle allait revenir plus tard pour y faire son doctorat.

Au laboratoire (Micheline Pelletier/GAMMA)
Au laboratoire (Micheline Pelletier/GAMMA)

C’est ici qu’elle allait avoir l’une de ses plus grandes inspirations en fréquentant la passionnante communauté scientifique de la ville. « A Paris, j’étais dans le laboratoire de recherches sur la spectroscopie atomique du département de physique de l’université de Pierre et Marie Curie-Jussieu, près de la Sorbonne, du Collège de France et de l’Ecole Normale Supérieure.J’étais dans le monde des atomes, à l’essence des matières, des étoiles, des cellules. Je me trouvais dans un monde de scientifiques. Chaque mardi, j’allais au Collège de France pour y suivre des cours sur la Mécanique donnés par Claude Cohen Tannoudgi. C’était un grand professeur qui nous guidait pas à pas dans le monde de l’atome. La physique atomique était d’une clarté limpide quand on l’écoutait ».Il se passait de grands événements dans le monde et au-delà. Neil Amstrong, l’astronaute américain, marcha sur la lune en août 1969, mais ce n’est que 20 ans après qu’on put photographier l’atome seul dans une position stationnaire.

C’était là de dures journées pour une fille tunisienne immergée dans les merveilles des sciences à Paris, la ville des Lumières. Alors qu’elle y suivait des études, elle a pu entrer en contact avec le laboratoire de Brossel Kastler au moment où Alfred Kastler démontrait pour la première fois le phénomène d’émissions stimulées dont Einstein parlait.

La lumière reçue par un atome dans une position particulière pouvait être amplifiée par l’atome à travers une réaction en chaîne. C’est ce qui est à l’origine du laser que nous utilisons partout à présent. Il existe très peu de foyers dans le monde développé ou en voie de développement qui ne contiennent pas de laser, que ce soit un lecteur CD ou DVD, une imprimante ou bien une diode. Après sa production en laboratoire, le phénomène du laser fut observé dans la nature, dans l’espace interstellaire.

L’un des plus importants domaines de recherches du professeur Ben Lakhdar est le calcul des conditions dans lesquelles l’effet du laser pouvait se manifester dans la matière spatiale.

Avec des étudiants (L'Oréal-UNESCO femme de science)
Avec des étudiants (L'Oréal-UNESCO femme de science)

Après leurs études en France, le professeur Ben Lakhdar et son mari Tahar reçurent des offres de carrière en France mais ils choisirent de retourner au pays, bien qu’à l’époque il n’existât pas de structure de recherches scientifiques en Tunisie. Elle commença à s’orienter vers la recherche purement théorique dans le domaine de l’interaction moléculaire. A l’interface entre la physique et la chimie, la physique atomique et moléculaire représente un domaine essentiel, surtout pour les pays en développement. L’un des objectifs majeurs de Ben Lakhdar c’est de faire des recherches appliquées pour les besoins nationaux de la Tunisie.

Au cours de sa carrière, elle a développé des méthodes spectroscopiques théoriques et expérimentales très poussées pour étudier l’influence des polluants tels que le méthane et les métaux sur la qualité de l’air, l’eau et les plantes. Elle y parvint dans des conditions très difficiles, étant donné qu’il n’existait pas d’observatoire en Afrique et que ses équipes se trouvaient dans l’obligation d’aller effectuer leurs relevés en Europe pour venir les interpréter en Tunisie.Ses études constituent d’importants points de départ pour une application à grande échelle dans divers domaines allant de l’astrophysique à l’agriculture en passant par les industries chimiques et pharmaceutiques.Le professeur Ben Lakhdar est très fière d’être membre de la communauté scientifique. C’est cette communauté scientifique qui sauva sa mère par le biais d’un chirurgien français qui réussit à lui faire une opération du cœur avec brio.

L’utilisation de la pilule en Tunisie est synonyme de liberté féminine et la production industrielle de volaille signifie de la nourriture pour tout le monde. « Le pouvoir de la science » explique professeur Ben Lakhdar « chaque fois que j’essaie d’expliquer ces choses à ma mère elle dit ‘Yayia el Elm !’ (Vive la science) ».

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes dans la science ? La physique est dure, surtout quand il n’y a pas d’environnement scientifique (pas d’industrie, pas de culture scientifique, pas de savants ou de communauté scientifique à travers les programmes radio ou télévisés), quand toute l’information à caractère scientifique provient de l’extérieur. Le travail de la femme est devenu une nécessité économique pour la famille mais leurs carrières sont, à ce jour, considérées – même à leurs yeux - comme étant moins importantes que celles de leurs maris. Par exemple la plupart du temps elles arrêtent leurs études après le doctorat pour aller s’occuper des enfants, alors que leurs maris continuent.

Quels conseils donnez-vous à une jeune femme scientifique ?« Qu’elle soit consciente de l’importance de la culture et qu’elle fasse preuve d’une grande ouverture d’esprit en tant que scientifique d’abord, ensuite en tant que personne humaine. Je lui conseillerai également de chercher à être indépendante et de comprendre l’importance d’être une citoyenne responsable. Qu’elle soit optimiste : les femmes s’impliquent de plus en plus dans la science surtout dans la biologie. Elles sont de nos jours de plus en plus indépendantes et leurs carrières deviennent de plus en plus importantes et revêtent davantage de valeur aux yeux de la société. La moyenne d’âge pour le mariage est devenue plus élevée, 27 ans par rapport à 15 ans quand j’avais cet âge. Une jeune scientifique devrait être généreuse et confiante.

Le professeur Ben Lakhdar vit en Tunisie avec son mari Tahar et ses deux filles Zeinab et Aicha. Elle est très contente du grand nombre de choix dont jouissent ses filles, contrairement à elle quand elle avait leur âge.Quand elle n’est pas en train d’enseigner, de faire des recherches, de nouvelles découvertes scientifiques ou de passer des bons moments avec sa famille, professeur Ben Lakhdar s’adonne à son passe-temps favori qui est l’astronomie.

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