Ron Kovic (French)

Le 15  juillet 1976, Ron Kovic poussa son fauteuil roulant sous les lumières scintillantes du Madison Square Garden de la ville de New York. Tous les yeux étaient braqués sur ce jeune homme plein de volonté, qui vient juste d’avoir 30 ans,  mais sage au-delà de son âge. Kovic devait s’adresser à la Convention Démocratique Nationale, qui s’était retrouvée à  New York pour proposer Jimmy Carter à la présidence des Etats Unis.

Kovic avait une seule voix à partager avec l’assistance ce soir là. Etant un vétéran de la guerre de Vietnam, il s’était dit que c’était de son devoir de servir son pays. Alors son patriotisme a été récompensé par une balle dans sa moelle épinière, paralysé de la poitrine aux pieds. À son retour au bercail Kovic n’a pas été accueilli comme un héros mais plutôt avec négligence et indifférence dans les hôpitaux américains des vétérans comme il débutait un long processus de guérison.

Ron a été élevé dans les films de John Wayne et Audie Murphy, des films comme The Sands of Iwo Jima and To Hell and Back. Ces films présentaient la guerre sous des couleurs séduisantes. Kovic apprit que la guerre n’était pas que de l’héroïsme. C’était effrayant et déroutant, et parfois tu tues la personne qu’il ne faillait pas, peut-être même un de tes partenaires. Ron apprit que, ce n’est pas parce que tu as donné ton corps à ton pays, que ce pays reconnaîtra nécessairement ton sacrifice.

Qui est mieux placé pour s’adresser à une convention à laquelle les blessures de la guerre de Vietnam sont encore ouvertes? Qui est mieux placé pour parler pour les gens qui ont entendu la voix de la raison et ont choisi de ne pas s’engager dans la guerre? Ses lettres de créance étaient inébranlables. Après tout, combien de personnes pouvaient dire qu’ils sont nés le 04 juillet? Kovic pouvait le faire. Il l’avait déjà dit avec éloquence dans un mémoire du même nom un peu plus tôt cette année.

Quand Ron Kovic poussa son fauteuil roulant avec delicatessen sous les projecteurs, l’assistance retint son souffle. Il commença avec un poème qu’il avait écrit:

Je suis la mort vivante
le jour du mémorial sur des roues
Je suis votre petit maître yankee
Votre John Wayne revenu au bercail
Votre pétard du quatre juillet
Qui explose dans la tombe

Kovic continuait, et ses mots touchaient l’assistance. Le magazine Time decrivit la scène comme étant l’un des rares moments les plus poignant de la convention et beaucoup de gens ont été amenés à verser des larmes. Dans un style très simple, cet homme assez calme présentait avec éloquence un différent type de héros de guerre: un héros conscient, un héros pacifique, à l’image de Gandhi et Martin Luther King.

Dans les années qui suivirent Ron Kovic devint un défenseur passionné de la paix. Il s'est prononcé à plusieurs reprises sur les mauvaises conditions dans les hôpitaux des veterans américains. Il a protesté contre le soutien des Etats Unis au gouvernement  antidémocratique d'El Salvador dans les années 80. Enfin, en 1989, le directeur Oliver Stone portait l'histoire de Ron à l'attention du monde à travers son film, Né un Quatre Juillet (Born on the Fourth of July), avecTom Cruise come acteur principal.

Tim Gilmer du Magazine New Mobility  appelle Ron:

"Un homme de compromis"

...Au plan émotionnel, Kovic demeure un idéaliste, Il a un état d'esprit remarquable pour un homme qui s'est retrouvé paralysé à la suite d'une guerre qu'il finit par détester, un homme qui a été battu, craché dessus et emprisonné plusieurs fois pour avoir évoqué son droit de protester en tant que citoyen américain. Ironiquement, de temps en temps, il ressemblait à un novice, quelqu'un qui doit déjà faire face aux dures réalités de la politique ou de la vie: "Je crois à la démocratie, une démocratie authentique où tout le monde est représenté, et je veux en faire partie, Je veux faire partie de la continuité de cette  grande expérience démocratique. Je veux répandre notre démocratie, je veux la rendre de plus en plus authentique, Je veux que les gens soient encouragés dans l'expression de leurs opinons mais pas qu'ils aient peur ou qu'ils soient intimidés et pas ..."

Cliquer ici pour lire entire l'article entier écrit par Tim Gilmer pour le Magazine New Mobility 

**************************************

A travers cette lettre M. Kovic apporte sa contribution au peuple américain sur le site web de My Hero, le 14 Sept 2001.

Chers Amis,

Mon Cœur et mon âme pleurent avec tous les américains. J'ai été profondément touché par la terrible tragédie qui est survenue le 11 Sept 2001. Hier nuit encore je n'ai pas pu bien dormir, et je suis sûr que ce fut le cas pour beaucoup d'autres personnes depuis Jeudi. Je me demande bien si notre sommeil n'en sera pas perturbé à jamais? J'y ai beaucoup pensé et je suis très écœuré par le patriotisme aveugle qui gagne du terrain dans notre pays, la haine et l'esprit revanchard que je vois grandir de plus en plus dans notre pays ,tous les jours. Recourir à la violence et à la guerre est une erreur grave. La forte angoisse qui résulte de cet acte insensé de violence suscite en nous tous, le désir d'une vengeance rapide. Je crois dur comme fer que, aller dans cette direction va nous mener à une guerre horrible et désastreuse dont, nous  peuple et nation, ne nous remettrons jamais. C'est une période à la fois sombre et dangereuse aux Etats et moi conscient que je suis, je ne vais pas cautionner un acte de folie ! C'est comme si on n'avait rien appris de Vietnam et ceux d'entre nous qui sont parvenus à comprendre à travers la souffrance, la perte terrible engendrée par la guerre et son caractère immortel, ne sont pas écoutés. On n'écoute pas ceux parmi nous qui pensent que l'amour et la tolérance sont plus puissants que la haine. Nous sommes invisibles, isolés et solitaires, des voix prêchant dans le désert, dans un pays qui est vraiment gagné par la folie. Je vous encourage tous à lever la voix en faveur de la paix et la non-violence partout. J'aime ce pays tellement que je ne veux le voir sombrer dans l'absurdité et l'agonie d'une autre guerre.

Avec un amour et un espoir sincère pour la paix!

Ron Kovic